femmes des tribunes : « Messieurs, ce projet contenant des vues éminemment utiles, nous avons l’honneur de vous proposer d’en faire le renvoi au ministre de la marine et les colonies. » L’assemblée eût adopté, et les larges propositions de mon noble et excellent ami seraient allées s’endormir d’un sommeil éternel dans quelque vieux carton du ministère ; car on sait que les pétitions renvoyées aux ministres par la chose qui tient lieu, en France, d’assemblée législative, sont toujours celles qu’ils lisent le moins et qu’ils oublient le plus vite. — Il est évident qu’à la façon dont les représantans du peuple s’occupent des requêtes du peuple, notre droit de pétition n’est qu’une amère et odieuse dérision. — Je cesse d’en être dupe, et j’adresse celles de mon ami au public, qui a toujours de la sympathie pour les projets d’un honnête homme. Ceux qui nous lisent ne s’en plaindront pas : elles sont l’ouvrage d’un penseur accoutumé à renfermer beaucoup d’idées en peu de mots. — Autant que la conviction peut être formée sur un sujet quelconque, celle de M. Milliroux l’est à l’égard de la question coloniale. Mais anéantir les privilèges de nos colonies comme il l’indique, ouvrir nos ports à toutes les nations comme il le demande, c’est là une grande affaire qui ne se peut guère décider spéculativement. Il s’agit de savoir si, après avoir licencié notre armée de douaniers et son immense état-major, ainsi que l’appelle M. Blanqui, nous pourrions jeter dehors des marchandises françaises assez recherchées, et qui nous procureraient assez de bénéfices pour compenser les pertes que nous ferions sur celles auxquelles la concurrence nous forcerait de renoncer. Il y a sous cette question un traité de commerce universel entre toutes les nations peut-être ; et les livres du fameux économiste Say ne paraissent pas avoir encore résolu le problème. Disons avec le National : « Les principes de la liberté du
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