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sait point, elle n’a pas d’opinion formelle ; c’est de la curiosité, de l’étonnement qu’ils lui inspirent plutôt que de la malveillance. Est-il véritablement beaucoup de salons, beaucoup d’ateliers, de chambres du peuple (je dis préservés de la peste coloniale) d’où serait repoussé un Nègre qui s’y présenterait convenablement ? Pour mon compte, je ne le pense pas. Il ne s’agit plus que de les y amener, de les mettre en état d’y venir ; c’est par l’éducation, et nous avons établi qu’ils sont complètement aptes à la recevoir.

Que l’on me permette ici de m’interrompre. Lorsque je parle toujours des Noirs, il est sous-entendu que je comprends aussi les hommes de couleur : je nomme moins souvent ces derniers, parce que la source du mal est dans les Noirs. Les hommes de couleur sont cependant aux colonies mille fois plus détestés par les Blancs, auxquels, du reste, ils rendent bien haine pour haine et mépris pour mépris. Qui le croirait ? il se mêle des idées de morale à l’irritation naturelle que le maître éprouve de voir ainsi son esclave se rapprocher de lui par les nuances de la peau. Un mulâtre est toujours le fils d’une Négresse, le fruit d’un adultère, un bâtard enfin, qui