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la raison y invite, qu’après le premier bouillonnement chaque chose reprendra sa place. Allez, ne redoutez rien, ni l’oisiveté ni la barbarie ; le Nègre au milieu de la civilisation sera bien vite sollicité par des besoins qui le rendront laborieux et provoqueront son industrie ; la conciliation du travail avec la liberté est infaillible ; le fait aplanit bien des difficultés théoriques, la société ne se manque jamais à elle-même Un groupe d’hommes se complète toujours. Une fois tous les cadres des ouvriers de la ville remplis, vous verrez vite refluer vers la campagne ceux qui n’auront pas trouvé d’emploi. Et puis il le fallait ! Parce que 260,000 Nègres ne veulent pas cultiver les terres de 30,500 Blancs[1], était-ce à dire que les Nègres devaient rester en servitude ? Après tout, un ou deux ans de malaise, serait-ce trop payer les trois siècles de torture que l’on a fait subir aux pauvres Noirs ! Et faisons-le remarquer, pour finir, la haine du travail agricole est aussi un préjugé chez les Nègres ; il tombera comme les autres.

  1. États statistiques distribués aux chambres par le ministère de la marine, 1837. Publications de la Société pour l’abolition de l’esclavage.