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nant ses succès, dit en colère : « Mais cet homme fait ouverture partout, » et ainsi lui vint son surnom de Louverture. Durant la guerre, il se montre brave soldat, habile capitaine : par d’heureuses négociations il déloge de toutes les places qu’elles occupaient les troupes anglaises, que les colons royalistes avaient appelées, il chasse les Espagnols, et conserve enfin à la France une colonie qu’elle allait perdre[1]. Plusieurs des moyens qu’il emploie pour monter à la fortune nous inspirent une profonde aversion, mais ces trahisons même indiquent une forte tête, habile, ferme, qui juge les événements et sait les diriger ou en prévoir la portée. La paix obtenue, il fait succéder l’ordre à l’immense désordre ; il rédige une constitution d’une sagesse admirable, engage par des proclamations tous les anciens maîtres émigrés à rentrer dans leurs propriétés, et leur donne protection et sécurité ; si bien que, cette loi du rap-

  1. Si le pavillon du peuple français flotte sur Saint-Domingue, c’est, à vous et aux braves Noirs qu’il le doit. (Lettre du premier consul au citoyen Toussaint-Louverture. – Paris, 27 brumaire an x.)