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CHARDIN.

besicles et le portrait de Madame Chardin, nobles chefs-d’œuvre qui l’égalent aux plus grands.

Autant ses portraits à l’huile nous apparaissent inférieurs à ses natures mortes et à ses compositions, autant ses pastels éclatent de puissance et de jeunesse. Ce vieillard y fait éclater une fougue, une audace incomparables. Aucune pâte colorée ne donne une plus forte impression de relief et de gras. Il n’y a rien, dans l’œuvre de La Tour, qui témoigne d’une aussi mâle énergie.

La critique fut sévère à ces pastels : on y voyait trop à cru le système de Chardin, de juxtaposer les tons. Le public, à qui la technique échappe et qui juge sur son impression immédiate, leur fit un accueil enthousiaste. La postérité a ratifié, cette fois, le jugement du public.

Le dernier acte académique auquel Chardin ait pris part, est le rapport des commissaires chargés d’examiner les envois de Rome.

En 1777, Louis David envoyait une grande esquisse de bataille, peut-être les Funérailles de Patrocle, et le 10 janvier 1778, Chardin signait avec Pierre, Dandré Bardon, Pigalle, Cochin, etc., le rapport des commissaires : « Des encouragements sont dus au sieur David. Il montre la plus grande facilité dans le pinceau ; sa couleur est animée, quoique un peu égale ; sa manière de draper est large et vraie » ; puis, quelques critiques sur les réminiscences de l’antique dans ses groupes de personnages.

L’année suivante, le rapport des commissaires était