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J'ai toujours la dysenterie.

Je mange en grillade les coeurs,

Des Reines que dans mes fureurs

Mes caresses ont étouffées,

Si bien que ces coeurs si Royaux :

Qui me devraient servir à faire des trophées

Ne me servent sinon qu'à remplir mes boyaux.

Toute la Terre fait hommage,

À mes hautes perfections,

Les vapeurs de ses passions,

En couvrent le Ciel de nuages,

Le Soleil même en me voyant,

Va presque toujours larmoyant :

L'Air pour moi se distille en larmes,

Et Thétis à force d'aimer,

Gémissant sous les maux que lui causent mes charmes,

Des pleurs qu'elle répand, fait l'ambre de la Mer.

De vrai, quelles âmes de roche,

Si peu sensibles aux appas,

Ne souffrirait mille trépas

Pour les regards que je décoche ?

Si toutes ces Dames osaient,

Dieux ! Comme elles soupireraient,

Oeilladant un si beau visage :

L'eau qui tomberaient de leurs yeux,

Vous mouilleraient, parbleu, mille fois davantage,

Que ne ferait l'Orage, et la Pluie des Cieux.

Il ne faut donc pas que je craigne,

Ni que je pense nullement,