Page:Scarron - Théâtre complet, tome 3, 1775.djvu/304

Cette page n’a pas encore été corrigée

D'autres sourds et muets ont dit fort hautement,

N'avoir jamais oui d'Orateur plus charmant,

Et qu'il faut s'assurer que la même Éloquence

A pris de moi la grâce et la vive élégance.

D'autres que le Soleil n'a point encore vus,

Disent que je suis fils de la belle Vénus,

Que Mars m'engendra d'elle, et que ce Dieu des armes

Sachant quel je serais aux martiaux alarmes,

Redouta ma naissance, et voulut qu'en ses flancs

La mère des beautés me portât deux mille ans :

Mais je me suis vengé d'une telle aventure,

Bien que pour me détruire il forçât la Nature :

Par mes propres efforts je me fis mettre au jour,

Et lors pour me venger de ce malheureux tour,

J'étranglai Mars, Vénus et Cupidon mon Frère.

Cette belle action ne te saurait déplaire,

Puisque dans ma beauté, mes bras et mes regards,

Tu vois encor l'Amour, Vénus et le Dieu Mars.


ENTRÉE DE MATAMORE.

STANCES.

Dieux ! Que je suis épouvantable,

Que mon aspect est dangereux !

Ah ! Que ceux-là sont bien heureux,

Qui sont amis du Redoutable !

Ce qu'on se peut imaginer,

Qui soit capable d'étonner,

N'est rien au pris d'un de mes gestes :