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CHANSON.


Philis me traitte avec rigueur ;
Mon cœur, jour et nuit, en soûpire.
Ne vous affligez pas, mon cœur :
Ce n’est pas un trop grand malheur ;
Il ne faut que luy dire.

Bien souvent, ce qui nous fait peur,
Un moment apres nous fait rire ;
Phillis pourra changer d’humeur :
C’est alors qu’il faudra, mon cœur,
Tout faire et ne rien dire.


CHANSON

Ma raison me l’a dit aussi bien que mes yeux,
Que vous estiez toute charmante et belle ;
Mais elle eust fait bien mieux
De m’advertir que vous estiez cruelle.


CHANSON


Je vous aymois : vous me l’aviez permis ;
J’esperois d’estre aymé : vous me l’aviez promis.
Mais, helas ! belle Iris, je voy bien le contraire ;
Je n’ose en murmurer
De peur de vous deplaire ;
Mais il m’est permis d’expirer,
S’il m’est ordonné de me taire.

Dedans vos fers, charmé de vos appas,
Je souffrois mes tourmens et ne m’en plaignois pas ;
Vous feigniez de m’aymer, je vous aymois sans feindre ;
Vous m’avez fait souffrir
Les maux les plus à craindre ;
Mais il m’est permis de mourir,
S’il m’est defendu de me plaindre.