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Même de ceux qui de l’académie
Forment la belle et docte compagnie !
Oh, qu’il en est à la cour comme ailleurs,
Sans excepter princes ni grands seigneurs !
Oh, qu’il en est, et plus que l’on ne pense.
Dans notre noble et florissante France !
Tel est fâcheux, et fâcheux diablement,
Qui de fâcheux se plaint incessamment.
Tel de fâcheux a mérité le titre,
Qui sera peint au vif dans mon épître,
Et que d’abord chacun reconnoîtra,
Et qui pourtant des premiers en rira.
Tous les fâcheux qui ne pensent pas l’être,
Sont sans remède à moins que de renaître ;
Ou bien disons, puisqu’on ne renaît pas,
Que tout fâcheux l’est jusqu’à son trépas,
Et s’il en est que les ans rendent sages,
Je les compare à de vieux pucelages,
Que moi pécheur, je crois presqu’aussi peu,
Que cet oiseau qu’on dit renaître au feu.
Mais revenons aux fâcheux et fâcheuses,
Au rang de qui je mets les précieuses,
Fausses s’entend, et de qui tout le bon
Est seulement un langage ou jargon,
Un parler gras, plusieurs sottes manières,
Et qui ne sont enfin que façonniéres,
Et ne sont pas précieuses de prix,
Comme il en est deux ou trois dans Paris,
Que l’on respecte autant que des princesses ;
Mais elles font quantité de singesses ;
Et l’on peut dire avecque vérité,
Que leur modèle en a beaucoup gâté.
Depuis le tems que perclus de mes membres,
Pour moi Paris est réduit à deux chambres,
Je ne sais rien que par relation ;
Je fais pourtant souvent réflexion
Sur les fâcheux que j’ai vus en ma vie,
Ainsi j’en ai la mémoire remplie,
Et puis encor en parler en savant,
Si les fâcheux sont comme ci-devant.
Il n’en est point qui donnent tant de peine,
Que ceux pour qui, loin d’avoir de la haine,
On a respect, ou bien pour leur bonté,
Ou pour quelqu’autre aimable qualité.