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À MONSEIGNEUR DE ROQUELAURE, DUC ET PAIR DE FRANCE,


Monseigneur,


J’avoue que l’on est si battu de mes Virgiles, que c’est quasi la même chose de vous en dédier un, ou de vous donner un Almanach de l’année passée. Mais je suis si pressé des obligations que je vous ai, que j’aime mieux vous faire un mauvais présent, que de ne vous en point faire. Je ne dirai pas ici de quelle façon vous m’avez obligé, puisque vous ne me l’avez pas dit à moi-même, quand vous m’avez honoré d’une visite. Vous m’avez caché l’obligatLon que je vous avais, avec autant de soin qu’un autre en aurait pris à me la faire savoir ; et je vois bien par-là que votre ame est au-dessus de l’opinion des hommes, qui y pour la plupart, ne font de bonnes actions qu’afin qu’on les sache, et s’en paient par leurs mains en les publiant eux-mêmes, quand les autres n’en font pas assez de bruit à leur gré. Aussi n’êtes-vous pas un homme ordinaire ; et j’ose dire que les puissances de la cour qui veulent des adorations de tous ceux qui les approchent, n’en ont reçu de vous que de la bonne sorte, et ont plutôt donné le titre de duc, que vous possèdez depuis peu, à la force de votre mérite, qu’à l’importunité de vos prétentions. Il n’en est pas de même

De tous les ducs qui sont en gerbe,
Et de ceux qui ne sont qu’en herbe.

Quelques-uns ont plutôt arraché le manteau