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À MONSIEUR ET MADAME DE SCHOMBERG.


Monsieur et madame,

C’est ici le second livre de ma façon, qui a été dédié en même tems à deux personnes. Les uns en riront, les autres ne le trouveront pas bon, et moi je me soucierai fort peu de ce qu’on en dira, pourvu que j’arrive a la fin que je me suis proposée. Il y a assez long-tems que je suis malade, pour croire que je mourrai bientôt. Quoique ma maladie soit de mon invention, je ne la cannois pas assez pour savoir combien elle durera ; et si elle me fera le plus vieux malade de France, comme elle m’a fait le plus estropié. C’est ce qui me fait songer à payer mes dettes. Toute la France sait asssez ce que je vous dois, MADAME ; et je sais, MONSIEUR, que je vous ai des obligations qui ne sont pas petites. Je pourrais bien m’en acquitter, misérable que je suis, à la façon des misérables, en disant que Dieu vous le rende, et le priant pour vous. Mais vous avez tous deux, quoique peut-être non pas en pareil degré, plus de crédit que moi en la cour céleste. Je n’entreprends donc point au-delà de mes forces. Je vous donne tout ce que je puis vous donner, si ce n’est pas tout ce que je vous dois ; c’est vous payer en mauvaise monnaie, mais il faut tirer d’un mauvais payeur ce que l’on peut. Si vous me prenez pour ce que je suis, vous ne douterez point que si mon Virgile Travesti était ce qu’il n’est pas, c’est-à-dire plus digne de vous, je ne vous l’offrisse plus hardiment, que je ne fais les maigres divertissemens d’un malade. Je crois, MADAME, que les vers bur-