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trouvèrent Dom-Marcos et Gamara cramponés l’un sur l’autre , et qui se veautroient par la place. Le prévôt reconnut Gamara pour un homme qu’il cherchoit il y avoit longtems, et qu’il avoit ordre de prendre comme un filou, un maquereau , et un larron sur le tout. 11 le mena en prison avec Dom- Marcos et Marcelle, fit inventorier tout ce qui étoic dans la chambre et le fit mettre en lieu de sûreté. Dès le jour suivant Dom-Marcos fut élargi sous la caution de son maître. Il se porta partie contre Ga- mara j et partie contre Marcelle, qui furent convain- cus de lui avoir volé ses hardes, qu’on trouva toutes entières entre celles qui avoient été inventoriées. On y en trouva beaucoup d’autres > les unes qu’il avoic volées , et les autres qui lui avoient été données en gage ; car il étoit Juif, et par conséquent usurier. Quand il fut pris, il étoit sur le point d’épouser Marcelle, qui lui portoic en mariage , outre les hardes qu’elle avoit volées à Dom-Marcos , une inclination à voler non moindre que celle de son futur époux, un esprit capable d’apprendre tout ce qu’il lui eût pu montrer, et même de le surpasser; et un corps assez beau, sain, et jeune, pour être souvent acheté, souvent livré, et pour durer long- tems daqs les fatigues du putanisme. La bonne cause de Dom-Marcos soutenue du crédit de son maître, lui fit bientôt rendre tout ce qu’on lui avoit volé. Gamara fut envoyé aux galères pour le reste de ses jours, et Marcelle fut fouettée et bannie, et Ton trouva que l’un et l’autre avoient été traités favo- rablement. Pour Dom-Marcos il n’étoit pas si aise de r’avoir ses hardes, et d’être vengé de Gamara et de Marcelle, que désespéré de ce que ce grand fourbe n’étoit pas magicien. La perte de ses dix mille écus l’avoic presque reqdu fou. Il alloit tous