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ses hardes ,et les lui dépeignit les unes après les au- tres si exactement, que Dom-Marcos laissa cheoic ses chandelles podr lui sauter au col. Le sérieux ma- gicien le blâma fort de son impatience, et lui apprit que les opérations de son art infaillible vouloient beaucoup de flegme et de retenue , et ajouta que pour des actions moins étourdies que celle qu’il ve- noit de faire, les démons avoient quelquefois mal- traité et même étranglé des hommes. Dom-Marcos pâlit à ces paroles, et se remit sur son siège, après avoir repris ses bougies. Le magicien demanda les parfums que Dom-Marcos avoient achetés , et la fausse Marcelle les lui donna. Elle avoit été jtfsques- là dévote spectatrice de la cérémonie ; mais il la fit sortir, à cause , lui-dit-il, que les démons ne se plaîsoient pas avec les femmes. Marcelle sortit en fai- sant une profonde révérence, et le magicien ayant approché un petit brasier de cuivre , fit semblant de i’etter sur les charbons allumés qui étoient dedans, es parfums de Dom - Marcos , y jetta un soufre si puant, et qui fit une si épaisse et si violente fu- mée, que le magicien qui s’étoit imprudemment pen- ché sur ce brasier, en pensa être suffoqué. Il en toussa à se démonter la gorge, et avec un si grand effort que sa barbe touffue, qui n’étoit pas de son crû, et qui étoit mal attachée , tomba et le découvrit à Dom- Marcos pour le pernicieux G^mara. Dom-Marcos lui sauta à la gorge , la lui serra d’une force d’Her- cule , criant au voleur d’une voix effroyable. La justice passoit en même-tems par la même rue, elle entra dans la maison d’où sortoient les cris effroyables qu’on entendoit de loin \ car Gamara que Dom-Marcos tenoit à la gorge, crioit aussi fort que lui. Les ar- chers trouvèrent d’abord Marcelle qu’ils arrêtèrent, çt ayant enfoncé la porte de la chambre magique *