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eut quelque relâche , et se consola avec Inez de k mauvaise humeur de son mari, par ses coffres pleins d*argenc qu’elle voyoic dans sa chambre. Dem-Mar- cos loua un appartement commode dans le quartier de son maître, et renvoya Aueustinet dîner avec sa tante, ne pouvant se résoudre a manger encore avec cette trompeuse. 11 revint le soir avec tout son cha- grin , et cruel comme un tygre. Isidore l’humanisa un peu par douceur 3 et le matin eut la hardiesse de lui dire Qu’il allât au nouveau logis, pour y recevoir les meubles qu’Augustinet et lnez y aljoient faire por- ter dans un chariot cfu’elle avoit loué. Dom-Marcos s’y en allaj et tandis qu’il les y attend , l’ingrate Isidore y le fripon Augustinet, et la coquette lnez j chargent de tout le bien du pauvre homme une cha- xettebien attelée» s’y embarquent, sortent de Ma- drid , et prennent le chemin de Barcelonne. Dom- JMarcos se lassa de les attendre, alla à son ancien logis, en trouva la porte fermée, et sut des voisins qu’il y avoit déjà long-tems qu’ils s’en croient allés avec ses meubles. 11 retourne d’où il venoit, et ne trouve pas ce qu’il cherche. 11 revient sur ses pas, soupçonnant le malheur qui lui croit arrivé ; il en- fonce la porte de la chambré , et n’y trouve que quelques méchans meubles de bois , et quelques fer- railles, de .cuisine ,. qu’on n’avoit pas jugé valoir la peine d’&re emportés. Il s’en prit a sa barbe et à ses cheveux , il se pocha les yeux de coups de poing , il se mordit les doigts jusqu’au sang, et fut tenté de se tuer ; mais son heure n’etoit pas encore venue. Les plus malheureux se flattent toujours de quelque es- Eérance: il alla chercher les fugitifs dans toutes les ôtelleries de Madrid , et n’en apprit aucune nou- velle. Isidore n’avoit pas été si sotte que de louer* une tharette de jretour à elle en avoit pris une dans un