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noces. Dom-Marcos et Isidore se querellèrent comme des gens qui ont envie de se manger, et mangèrent comme des gens qui se querellent. Isidore pourtant tâchoit quelquefois de ramener Dom-Marcos dans son humeur pacifique, lui parlant avec le plus d’hu- milité et de douceur qu’elle pouvoir, et Augustinet faisoit de>on mieux pour radoucir les esprits aigris: mais la perte de la chaîne d’or étoit à Dom-Marcos plus qu’un poignard au travers du corps. Us étoient près de sortir de table où ils n’avoient fait que se Suereller, tandis que le seul Augustinet mangeoit e toute sa force, quand il entra dans la chambre deux hommes, de la part du maître d’hôtel de l’amiral de Castille » qui prioit madame Isidore de lui renvoyer la vaisselle d’argent qu’il lui avoit prê- tée pour quinze jours, et qu’elle avoit gardée plus d’un mois. Isidore ne sçut que répondre, sinon qu’on alloit la rendre. Dom-Marcos protesta qu’elle éroi: i lui, et voulut faire le mauvais. Un de ces hommes demeura dans la chambre pour ne perdre point de vue ce qu’on faisoit difficulté de lui rendre , et l’au- tre alla quérir le maître-d’hôtel^ qui vint, et qui reprocha a Isidore son mauvais procédé, fît peu de cas de l’opposition de Marcos et de tout ce qu’il put dire, emporta la vaisselle, et laissa lé mari et la femme se querellant sur ce nouveau sujet. Leur con- testation , ou plutôt leur querelle, étoit sur la fin, quand nn frippier accompagné de valets et de porte- faix entra dans la chambre, et dit à Isidore que puis- qu’elle étoit mariée à un homme riche , il venoit uerir les meubles qu’il lui avoit loués, et l’argent ^ u louage, si elle n’aimoit mieux les acheter. C’est ici où la patience échappa à Dom-Marcos ; il voulut battre le frippier -, le frippier lui fit voir qu’il étoit homme à le lui rendre, et injuria Isidore, qui lui