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porté Seigneur dit ces dernières paroles avec tant de colère, qu’il en coûta plusieurs douceurs à Isidore pour lui remettre l’esprit dans sa tranquillité ordi- naire. Elle conjura Dom-Marcos de ne se fâcher pas davantagej et lui assura qu’Augustiftet lui donneroit toute sorte de satisfaction j parce qu’il étoit le plus docile et le plus accommodant garçon qu’elle eue jamais, connu. On changea de discours à la venue d’Augustinet et des danseuses j et on passa une panie de la nuit à danser et à chanter. Dom-Marcos, pour n’avoir pas la peine de s’en retourner si tard chez lui, voulut persuader à Isidore de trouver bon qu’ils vécussent déjà ensemble comme mari et femme » et que du-moins il couchât chez elle. Mais elle prie un visage sévère » et protesta à haute voix que de- puis le jour malheureux qu’elle commença d’être veuve » aucun homme n’avoit mis le pied dans le chaste lit qui fut i son Seigneur, ni ne l’y metrroit que l’église n’y eût passé ; que sa condition de veuve ne permettoit pas qu’aucun homme , hormis Au- gustinet, couchât chez elle. Dom-Marcos lui en sur bon gré » nonobstant son impatience amoureuse. 11 lui donna le bon soir, retourna â son logis, ac- compagné de Gamara, tira de sa pochette son bout de bougie , le ficha au bout de sou épée, l’alluma i la* lampe du crucifix; enfin, il fit tout ce qult . avoit fait la nuit précédente, tant sa ponctualité étoit Srande, si ce n’est qu’il ne pria point Dieu, comme avoit fait, à cause peut-être que son affaire étoit faite, et qu’il n’avoit plus besoin du secours du ciel. Les bans furent bientôt publiés, parce qu’il y eue plusieurs fêtes de suite. Enfin ce mariage tant souhaité de part et d’autre, se fit avec plus de cérémonie et de dépense qu’on n’en devoit attendre de l’avarice du marié * qui de peur de toucher à ses dix mille