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et qui ont blessé si perfidement ma réputation ? Cette bataille se donnoit dans la tête du débauché jeune-homme, quand approchant de Xétaffe, ses valets découvrirent le carosse d’Héléne aux enseignes qu’on leur avoit données. Ils crièrent tous d’une voix à leur maître qu’ils tenoient les larrons, et sans l’attendre coururent après le carosse l’épée à la main. Le cocher s’arrêta fort effrayé, et Montufar le fut encore plus que lui. Héléne le fit ôter de ta portière, et s’y mit pour tacher de remédier à un si grand malheur. Elle vit venir à elle Dom-Sanche l’épée à la main, et dont le visage ne lui Jromettoit rien de bon ; mais l’amoureux gentilhomme n’eut pas plutôt jetté les yeux sur ceux qui l’avoient déjà si fort blessé, que sa playe se rouvrit, et il ne fit pas moins d’abord que de croire que ses valets s’étoient mépris ; car on a toujours bonne opinion de ce qu’on aime ; et comme s’il eût connu Héléne dès son bas-âge pour une dame sans reproche, il chargea sur ses valets à grands coups de plat d’épée. Coquins, s’écrioit-il, ne vous ai-je pas dit que vous prissiez bien garde à ne vous pas méprendre, et ne méritez-vous pas que je vous rompe les bras et les jambes, d’avoir arrêté si désobiigeamment le carosse d’une dame à qui l’on doit tant de respect ? Les pauvres valets qui ne s’étoient tant hâtés que sur les enseignes que leur avoit donné le page, et qui voyoient une femme toute belle, ce qui donne du respect même au plus incivil, évitèrent en s’éloignant la fureur de leur maître, et crurent qu’il avoit raison, et qu’il leur faisoit courtoisie de ne les rouer pas de coups. Dom-Sanche demanda pardon à Héléne, et lui dit le sujet de la violence que lui avoient pensé faire ses étourdis de valets, ce qu’elle savoit