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On m’a dit que dans l’Italie,
Cette région tant jolie,
Est un certain vilain vallon
Par où passe un torrent félon
Qui se perd dans un affreux gouffre
D’où s’exhale une odeur de soufre,
Et ce grand gouffre est, m’a-t-on dit,
De Pluton le séjour maudit,
Et c’est par ce trou, dit l’histoire,
Que se fourra la vierge noire,
L’esprit grandement satisfait
De tous les maux qu’elle avait fait.
Cependant Junon l’implacable
Fait autant, voire plus qu’un diable.
Les manants, rudement frottés
Par les Troyens exercités
Au métier de faire la guerre,
En peu de temps perdirent terre,
Ensuite gagnèrent au pied,
Plus d’un d’entre eux estropié :
Les corps d’Almon et de Galèze
Furent par eux mis à leur aise.
Sur un vénérable brancard,
Et puis coururent faire part
Au roi de la déconfiture,
Chacun en piteuse posture.
Latin, le désordre entendu,
Leur répondit lanturelu
(Ce mot, en langage vulgaire,
Veut dire allez vous faire faire…
Je ne saurais honnêtement
Vous l’expliquer plus clairement).
Turnus aussi vint à la charge,
Exagérant la chose au large,
Et soutenant que les Troyens
N’étaient bons qu’à jeter aux chiens.
Les dames, de fureur éprises,
Qui couraient les champs en chemises,
Vinrent à l’entour du palais
Faire plus de bruit que jamais,