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Ou ne répond que d’un ton aigre
A qui lui fait offrande maigre.
Latin, qui savait son humeur,
Voulut faire en homme d’honneur,
Et ne plaindre ni sang ni graisse :
On conduit des brebis en laisse,
Et tout ce qu’il faisait brûler
Pour cet oracle régaler
Et l’obliger à tôt répondre
Sans trop faire les gens morfondre.
Latin fit tout ce qu’on faisait
Quand l’oracle on exorcisait :
Il se coucha sur les hosties,
Il commit des immodesties,
Fit le plaisant et fit le fou
Voici ce que dit, par un trou,
En rimaille assez mal tournée,
La Déité questionnée :
"Si tu crois à moi tant soit peu,
Prends bien garde, mon cher neveu,
De prendre un Latin pour ton gendre ;
Le meilleur n’est pas bon à pendre.
Le Destin t’en a fait faire un
Qui n’est pas un homme commun,
Qui fera fleurir notre race,
Où le chaud brûle, où le froid glace,
C’est-à-dire du nord au sud,
De la Mexique à Calicut.
Va donc rompre sur les articles.
Je vois le futur sans besicles,
Et sais bien, si tu ne me crois,
Que tes fils, au lieu d’être rois,
Ne seront que franches mazettes,
Des truands, des têtes mal faites,
Qui souffriront, pour un écu,
Mille coups de pieds dans le cul."
A cette menace si crue,
Qui du roi fut aigrement crue,
Car il n’avait jamais connu
Cet oracle autre qu’ingénu,