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Il mourra d’une ardeur d’urine,
Regretté de la gent latine.
Vois Capys, homme de valeur,
Mais il jouera de malheur,
Il fera la fausse monnoie,
Et jeune encore mourra de joie.
Auprès de lui, voilà Procas,
De qui l’on fera fort grand cas ;
Il mourra bien avant dans l’âge,
Empoisonné dans du fromage.
Voilà le brave Numitor,
Lequel vaudra son pesant d’or.
L’autre est Silvius, dit Enée,
Son âme royale et bien née
Ton beau nom renouvellera,
Tant homme d’honneur il sera.
Tous ceux-là, couronnés de chêne,
Qui se tiennent comme une chaîne,
Sont tes illustres descendants,
Lesquels feront bien les fendants :
En paix ils seront fort habiles,
Ils fonderont de belles villes
Pleines de force gens de bien.
De leurs noms je ne dirai rien ;
Ce n’est pas que je les ignore,
Mais sur pied n’étant pas encore,
Je ne serais pas bien sensé,
Ni toi pas beaucoup avancé.
Mais voici l’illustre Romule
Qui fut un bel homme de mule,
De plus, bel homme de cheval :
Il fera du bien et du mal,
Car il doit faire bâtir Rome,
Et tuer son frère, un brave homme ;
Son aïeul il rétablira,
Son père au ciel l’attirera.
Veux-tu savoir pourquoi son casque
A deux cornes à la fantasque ?
Je te le dirais, mais, ma foi,
Je ne sais pas très bien pourquoi.