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Mais Maron écrit qu’un grand gouffre
Exhale illec un air de soufre,
Pour laquelle odeur éviter ;
Les oiseaux furent vus pointer
Jusqu’en la région des nues,
D’où, les deux ailes étendues ;
Ces pigeons, aux yeux d’Aeneas,
Qui de courir étaient bien las,
Vinrent tout à propos descendre
Sur le rameau qu’il voulait prendre,
Qui rendait les yeux éblouis
Comme un jacobus ou louis,
Tant reluisait ce rameau rare.
Messire Maron le compare
A la gomme jaune qui luit
Sur la branche qui la produit ;
La comparaison est faiblette,
N’en déplaise à si grand poète :
Il devait, en sujet pareil,
Mettre lune, étoile ou soleil.
Dieu sait si la branche dorée,
Du bon Seigneur tant désirée,
Fut arrachée avec ardeur !
Il l’arracha d’aussi bon cœur
Qu’un chien ou qu’un chat pille ou grippe
Un morceau de chair ou de tripe.
Cela fait, riant comme un fou,
Il alla trouver en son trou
La vieille Sibylle Cumée
Cependant tous ceux de l’armée
Donnaient la dernière façon
Au corps aussi froid qu’un glaçon
De Misènus le bon trompette
De sa charogne putréfaite
Le sale cuir fut nettoyé
Et de bonne eau rose ondoyé ;
On lui releva les moustaches,
On lui mit de belles gamaches,
Un bonnet de nuit de satin,
Dont la coiffe était de quintin