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Dont les Grecs étaient ébaudis
Et les Troyens bien étourdis),
Quand à propos le sieur Pandare,
Prenant son arc sans dire gare,
En donna tout droit dans le cul
De Ménélaüs le cocu ;
Sur quoi les deux osts se mêlèrent
Et les champions séparèrent.
Le quatrième et dernier fut
Le vieil Acestes, qui voulut,
Avec toute cette jeunesse,
Contester de force et d’adresse.
Ces arbalétriers élus
Bandèrent de leurs bras velus
Leurs arcs, mortifères machines,
Non sans se raidir les échines.
Hippocoon, le premier d’eux,
Adressant au ciel mille vœux,
Qui jusque-là ne pénétrèrent,
Mais en beau chemin demeurèrent,
Frappa d’un trait le bout du mât ;
Plus haut, il eût donné moins bas.
La bête volante effrayée
Voulut s’envoler, mais, liée,
En l’air elle se débattit,
Et voilà tout ce qu’elle fit.
Tandis qu’au bout de la ficelle
Dans l’air elle tâche de l’aile,
Mnestheus tire, et de son trait
Coupe la corde, et lors Dieu sait
Si la pauvrette en fut fâchée,
Et si, se sentant détachée,
Elle ne doubla point le pas,
Ah ! tout beau, je n’y pense pas :
Je veux dire prit sa volée.
S’en étant donc dans l’air allée,
Eurytion, le franc archer,
Devant que son trait décocher,
Fit à son frère une prière,
Laquelle il reçut tout entière.