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Et même deux ou trois faux pas ;
Alors qu’à la fin du repas
Il hasarda quelques gambades
Pour réjouir ses camarades ;
Puis en un lit il se sauva,
Où son vin à l’aise il cuva.
Le beau Phébus porte-lumière
Enfin commença la carrière
Du neuvième jour désiré :
Le ciel en parut tout doré ;
Jamais plus belle matinée
Ne promit plus belle journée.
Chacun vint, des lieux d’alentour,
Tant pour voir Acestes que pour
Voir ces gens dont la renommée
Partout était si bien semée
Qu’en ce temps-ci même il n’est nul
Qui ne trouve par son calcul
Que de Troyen ou de Troyenne
Son père ou sa mère ne vienne.
A grand donc, ou bien petit pas
(Lequel des deux, n’importe pas),
Tant de villes que de bourgades,
Pour voir les renommés Troades,
Vieillards, hommes, femmes, enfants,
En leurs beaux atours piaffant,
Se trouvèrent sur le rivage.
Maître Aeneas, faisant le sage
(Car il faut bien couvrir son jeu
Devant les gens qu’on connaît peu,
Et bien faire la chattemite),
Fit apporter une marmite
(C’était un des prix destinés),
Deux pourpoints fort bien galonnés,
Moitié filet et moitié soie,
Un sifflet contrefaisant l’oie,
Un engin pour casser des noix,
Vingt et quatre assiettes de bois,
Qu’Aeneas, allant au fourrage,
Avait trouvés dans le bagage