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Un renard, d’un caméléon ;
Un rhinocéros, d’un lion ;
Un crocodile, d’une autruche.
Un loup-cervier, d’une guenuche.
Pour moi je te mets au delà
De tous ces vilains monstres-là.
Pour dire de toi pis que pendre,
Et, de crainte de me méprendre,
Je te tiens roc, roche, caillou,
Panthère, léopard et loup,
Vipère, lézard et tigresse ;
Je t’estime dragon, ânesse,
Un rhinocéros, un lion,
Un renard, un caméléon,
Un faux crocodile, une autruche,
Un loup-cervier, une guenuche,
Et, pour achever mon sermon,
Je te tiens pire qu’un démon,
Pire qu’un diable qui t’emporte,
Toi, ton fils, toute ta cohorte,
Et moi sotte carogne aussi
De m’être embéguinée ainsi
D’un mangeur de poule, un gendarme !
Ai-je vu couler une larme
De ses yeux ? ai-je ouï sortir
De sa bouche un petit soupir ?
A-t-il eu pitié d’une amante ?
Mais vainement je me tourmente :
Il n’est qu’un pendard, qu’un vaurien,
Et Jupiter, qui le voit bien,
Et l’ingrate Junon, complice,
Ne m’en feront jamais justice !
On ne voit plus que des ingrats.
Les voyez-vous refaits et gras,
Ces Phrygiens que Dieu confonde !
Délabrés, s’il en est au monde,
Transis de froid, mourant de faim,
Qu’on eût fouettés pour du pain,
Pauvres d’habits comme de mine,
Sales magasins de vermine,