Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/192

Cette page n’a pas encore été corrigée

N’allez pas faire le nigaud,
Prenez-y garde, il y fait chaud
Toute la contrée est grégeoise,
Par exemple, la gent locroise,
Qu’on appelle Naryciens,
Et puis les Salentiniens,
Sur qui commande Idoménée,
Dont la haine est enracinée
Contre le peuple phrygien,
Et le grand chef mélibéen,
Philoctète, est dans Pétilie,
Où sa demeure est établie.
Etant échappé de ces lieux,
Au grand Dieu qui régit les cieux
Vous ferez un beau sacrifice
Pour vous voir été propice ;
Et voici ce que vous ferez
Alors que vous sacrifierez :
Couvrez votre face d’un voile,
Ou de taffetas ou de toile,
Car il faudrait recommencer,
Si vous alliez, sans y penser,
Jeter les yeux sur un visage
Qui fût d’une terre sauvage,
Et qui n’eût pas le nez tourné
Comme un homme à Pergame né
Croyez ceci comme Evangile,
Et n’allez pas faire l’habile,
Intentant altération :
C’est un point de religion
Particulier à tous les vôtres,
Et qui n’est pas fait pour les autres.
Après force dangers courus,
Lorsque vous verrez Pelorus,
Prenez le chemin de l’école,
Et n’allez pas en tête folle
Choisir le chemin le plus court :
En ce détroit-là, l’eau qui court
Est bien pire que l’eau croupie.
Jadis Sicile et l’Hespérie