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Partant, peu propre et mal dispos
A se garantir d’Atropos.
Mais pour une raison cachée
Notre chair ne fut point touchée.
Nous nous trouvâmes hors de là,
Le ciel sans doute s’en mêla
Et voulut prendre la conduite
De notre troupe à trois réduite.
Lors un bruit de cris et de coups
Du palais royal jusqu’à nous
Se faisait aisément entendre ;
Les Grecs l’assiégeaient pour le prendre,
Et les Troyens désespérés,
En ce dernier lieu resserrés,
Tâchaient de vendre cher leurs vies,
Et de leurs femelles ravies
Par quelque grande occision
Venger la constupration.
Quelques Grecs plantaient des échelles ;
Autres mettaient bancs sur bancelles ;
Bancs et soldats se répandaient
Quand d’en haut cailloux descendaient.
Grimpant comme chats contre un arbre,
Ils se coulent le long du marbre,
De la main gauche se couvrant,
Et de la droite assaut livrant
Aux défenseurs de la muraille.
Un carneau de pierre de taille
Par un soldat est empoigné,
Auquel le bras étant rogné,
Le pauvre malheureux soudrille
Tombe, s’accroche à une grille,
Et demeure là suspendu,
Criant en grec : « Je suis perdu ! »
Les Troyens de tout font des armes,
Et, non sans répandre des larmes,
Jettent contre ces inhumains
Ce qui se trouve sous leurs mains.
Un Grec eut la tête cassée
D’un coup de la chaise percée