Page:Scarron - Le Virgile travesti, 1889.djvu/125

Cette page n’a pas encore été corrigée

Dont je viens de faire un portrait,
Qui, me semble, est assez mal fait.
Mais reprenons notre mêlée.
Chorèbe fut de Pénelée
En quatre ou cinq coups dépêché ;
L’autel de son sang fut taché.
Près de lui chut aussi Ryphée,
D’un démesuré coup d’épée
Qui lui fendit tout le côté
Sans respecter sa probité.
Dymas chut d’un coup d’arbalète ;
D’Hypanis on fendit la tête,
Et Panthus, quoique homme pieux
Et sacrificateur des dieux,
Perdit son sang par une artère ;
Nonobstant son saint caractère
Et son benoît bonnet carré,
Ce grand coup lui fut desserré.
La mort beaucoup d’autres empoigne ;
Que maudite soit la caroigne
Tant et tant elle en attrapa !
Si maître Enée en échappa,
O chères personnes grillées !
Chères cendres éparpillées !
Je veux bien vous prendre à témoin
Si ce ne fut mon plus grand soin
D’avoir aussi quelque venue,
Et si je n’allai, dague nue,
Partout où l’on frappait bien fort,
Afin de recevoir la mort ;
Mais les Destins ne le voulurent,
Et malgré moi me secoururent !
Le vieil Iphitus, comme moi,
Je ne vous puis dire pourquoi,
N’ayant plus qu’une dent en bouche,
Fut lors préservé de la touche.
Aussi fut Pélias le bon,
Fort incommodé d’un jambon,
Pour un trou qu’autrefois Ulysse
Lui fit par-derrière en la cuisse,