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Me dit ce prêtre de Phébus ;
Elle est prise, et c’est un abus
D’espérer y faire retraite.
La garnison en est défaite,
Et pour moi, qui la commandais,
Voyant bien que je me perdais
Si je contestais davantage,
J’ai fui comme un homme bien sage,
Non tant pour la crainte des coups
Que pour mourir auprès de vous.
Cette machine, cette rosse,
Non sans sujet était si grosse :
Elle était pleine de soudards
Qui ne sont que de vrais pendards ;
Ces voleurs de nuit, dagues nues,
Sont dans toutes les avenues,
Assommant qui pense passer,
Ou l’envoyant faire panser.
Ces méchants non seulement volent,
Mais frappent, tuent et violent ;
Puis après, en chaque maison,
Ils mettent le feu sans raison,
Et je crois que c’est par malice.
De plus, Sinon est leur complice,
Ce Sinon que l’on vit hier
Si piteusement larmoyer,
Et qui pire qu’un crocodile
Aujourd’hui pille notre ville.
Jupiter, sans doute irrité,
S’est tourné de l’autre côté.
Notre pauvre ville de Troie
Est de nos ennemis la proie,
Et les principaux des Troyens
Sont morts, ou bien dans les liens.
— Votre discours trop nous amuse ;
Cherchons la mort, quoique camuse :
Mais il faut la donner aussi
A ceux qui nous traitent ainsi."
Ayant dit ces tristes paroles,
Que quelques-uns trouvèrent folles