Ha, ha, petit cadet, vous l’avez débauchée
Cette jeune beauté de vertu non tachée,
Ce riche don du ciel, cette chére moitié,
Et digne de mon choix et de mon amitié ;
Contre qui vos sermens, vos priéres, vos larmes,
N’ont été, dites-vous, que d’inutiles armes ;
Qui vous a fait sentir les traits de son courroux ;
Que vous n’espérez pas de r’appaiser sans nous.
Vous courez donc ainsi sur le marché d’un frére ?
Et ne m’avez-vous pas commandé de le faire ?
De lui porter dans l’ame un sentiment d’amour ?
Et c’est dont je me plains, godelureau de cour !
Je vous avois bien dit de lui parler de flame,
Afin de découvrir ce qu’elle avait dans l’ame ;
Mais de la coquetter, comme vous l’avez fait,
Ha ! c’est une action d’infidéle cadet.
Ma foi, de la façon qu’il me l’a muguettée,
De la place où j’étois, j’avois l’ame tentée.
Le fripon lui tiroit ses coups à bout portant.
La plus laide guenon qui m’en diroit autant,
Triompheroit bientôt de notre continence.
Ordugno !
Monseigneur ?
Arrêter des chevaux et les tiens prêts sans bruit,
Je ne veux pas coucher à Madrid cette nuit :
Tâche de me trouver aussi ce vieil dom Cosme,
L’homme le plus fâcheux qui soit dans le royaume,
Je lui rends sa parole, et je reprends aussi
La mienne ; et cela fait, éloignons-nous d’ici.