Page:Scarron-oeuvres Tome 6-1786.djvu/70

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

D. Blaize.

Mon frére, allez après. J’y cours.Mais à grand pas.

D. Sanche, à part.

Ô amour ! si l’hymen par-là ne se fait pas.

D. Blaize.

Allez donc, qu’avez-vous à regarder les nues ?
Quand des cornes seroient à mes tempes venues,
Je n’aurois pas été davantage étonné :
C’est quelque dame à qui j’ai de l’amour donné.
Ordugno !

Ordugno.

Ordugno !Monseigneur ?

D. Blaize.

Ordugno ! Monseigneur ?En sais-tu quelque chose ?

Ordugno.

Rien du tout.

D. Blaize.

Rien du tout.Avois-tu tenu ma chambre close ?

Ordugno.

À double tour.

D. Blaize.

À double tour.Ma foi, je n’y connois donc rien.
Vous vous coulez, dom Cosme ; allez, vous faites bien.

Dom Cosme et Blanche sortent.

Et vous, astre d’amour qui suivez votre pére,
Empêchez l’esprit doux de se mettre en colère,
Ordugno !

Ordugno.

Ordugno !Monseigneur ?

D. Blaize.

Ordugno ! Monseigneur ?Il faut assurément
Que le ciel m’ait donné de ses biens largement.
Ô les rares talens que je laisse détruire !
Je n’ai pas plutôt fait mon mérite reluire
Dans Madrid, et j’y suis à grand’peine arrivé,
Qu’on m’y court, que j’y suis, peu s’en faut, enlevé.
Il n’est, ma foi, rien tel que d’être né bel homme.
J’eusse voulu donner une notable somme,