Page:Scarron-oeuvres Tome 6-1786.djvu/605

Cette page n’a pas encore été corrigée

nnocent

OROSMANE.

   Je ne sçaurois souffrir de trépas assez rude,
   Si j'ay pû vous donner la moindre inquietude,

ELISE.

   Et le moindre tourment que tu pourrois souffrir,

OROSMANE.

   Vengeroit ma Princesse,

ELISE.

                           Il la feroit mourir.
   Songeons plustost aux maux qui pressent davantage.
   Ta vie est dans les mains d'un homme plein de rage,
   Qui croit que pour vanger, tous crimes sont permis:
   Mais taisons-nous, sçachons ce qu'aura fait son fils,
   Hé bien! Prince.



Scène VII


AMINTAS, ELISE, OROSMANE.


AMINTAS.

                   J'ay fait tout ce que j'ay pû faire,
   Mais les Gardes doublez par l'ordre de mon Pere
   Que de l'humeur qu'il est je ne sçaurois changer,
   Laissent mon ame en peine, & ta vie en danger;
   mais où la force est foible, employons-y l'adresse;
   Sous mes habits connus sors avec la Princesse,
   Si l'entreprise manque, au mépris de la mort,
   Je briseray tes fers par un dernier effort.
   Licas que j'ay gagné, mon dessein favorise:
   A quoy donc se resout l'heureux Amant d'Elise;

ELISE.

   Nous suivrons ton conseil, ô Prince genereux!
   Prince que malgré moy j'ay rendu malheureux.