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NICANOR.

   Cependant Orosmane à la coste paroist,
   Vous sçavez ce qu'il peut, hazardeux comme il est,
   Entre un ennemy que la Cypre aprehende,
   Que nous avons besoin d'un Roy qui la deffende,
   Et vous sçavez aussi que Pisandre en mourant....

ELISE.

   Je sçay tout, & de plus, qu'il est indifferent,
   De la quelle des soeurs, d'Elise, ou d'Alcionne,
   Vostre fils Amintas reçoive la couronne,
   Ma soeur peut comme moy couronner Amintas.

NICANOR.

   Mais il n'aime que vous,

ELISE.

                            Mais je ne l'ayme pas.

NICANOR.

   Amintas ne veut point de Sceptre sans ELISE.

ALCIONNE.

   Je veux encore moins d'Amintas qu'on mesprise.

ELISE. (Se tournant vers Alcionne.)

   Ha je l'ay refusé; mais sans le mespriser.

ALCIONNE.

   Et sans mépris aussi je le puis refuser,
   Je le separe assez des hommes du vulgaire:
   Je trouve assez en luy ce qui me pourroit plaire;
   J'estime sa vertu; j'admire sa valleur:
   Mais à vostre refus il m'offriroit son coeur,
   Et quoy que son amour puisse estre son excuse,
   Je ne puis accepter ce qu'un autre refuse,

NICANOR.

   Vous pourrez entre vous terminer cés debats,
   Mais mon fils doit regner.

ELISE.

                              Et ne regne t'il pas,
   Puis que vous dont il tient la vie, & la lumiere,
   Avez sur cét Estat une puissance entiere?
   Du moins tout sans reserve y dependroit de vous,
   Si vous pouviez aussi nous marier san