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CARLOS}}.

Tu n'es pas avec lui d'intelligence ? Infâme !

LÉONORE.

Cesse de m'outrager, cher Époux.

DOM-CARLOS.

Toi, ma femme ?

Appelle ton Époux ce lâche qui s'enfuit, [920]

Qui te vient visiter, et le jour et la nuit,

Qu'il te faut peu de temps pour te faire connaître !

LÉONORE.

Si tu voyais mon coeur !

DOM-CARLOS.

Je verrais un grand traître.

LÉONORE.

Te dois-tu prendre à moi de tes emportements ?

DOM-CARLOS.

As-tu cru conserver à la fois deux amants ? [925]

LÉONORE.

Cruel ! Tu ne crois pas tout ce que tu m'imputes.

DOM-CARLOS.

Ha ! C'est perdre le temps en de vaines disputes,

Mon Cousin, désormais je ne fais rien ici,

Puisque de vos soupçons vous êtes éclairci.

Je veux donc aujourd'hui sortir de cette ville, [930]

Léonore chez vous n'a plus besoin d'Asile,

Puis que chez le rival qu'elle m'a préféré,

Elle trouve celui qu'elle a tant désiré.

Son père est à Valence, il faut qu'il en dispose :

Après tant de rumeur que chez vous elle cause, [935]

Votre soeur se plaindrait avec juste raison,

D'avoir à la garder encore en sa maison.

Cependant, que Dom Sanche exalte sa vaillance,

Qu'il dise que la peur me chasse de Valence ;

Que Léonore l'aime, et qu'il me pousse à bout : [940]

Qu'il me l'ôte ; il en est quelque chose après tout :