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Pour obtenir enfin le pardon qu'il demande :

Sa faute, il le sait bien, ne peut être plus grande ;

Aussi, confesse-t-il d'avoir trop mérité,

D'être puni de vous avec sévérité ;

Si la vôtre à sa mort est enfin résolue, [780]

Vous pouvez l'ordonner de puissance absolue.

FLORE.

Je ne veux point ta mort.

DOM-SANCHE.

C'est assez la vouloir,

Que de me déclarer indigne de vous voir,

Et c'est me dire assez ce qui me reste à faire ;

Pour me mettre en état de ne plus vous déplaire. [785]

FLORE.

Ingrat ! Qui sais tenir de semblables discours,

Qui te forçait d'aimer pour n'aimer pas toujours !

DOM-SANCHE.

Je vous aimai toujours et d'une ardeur extrême :

Mais ne voit-on jamais offenser ce qu'on aime ?

Doit-on faire durer si longtemps un courroux ? [790]

Nous offensons les Dieux qui peuvent tout sur nous ;

Mais ces Divinités qui quelquefois punissent

Pardonnent plus souvent, et jamais ne haïssent.

Conformez-vous, Madame, à ces Divinités,

Dont vous avez déjà les célestes beautés, [795]

L'Esclave fugitif qui revient dans vos chaînes,

Puni par son remords autant que par ses peines,

En a souffert assez pour apprendre aux ingrats,

Qu'il est des châtiments pires que le trépas.

FLORE.

Et ces discours flatteurs, et ces trompeuses larmes, [800]

N'ont pour moi désormais ni mérites ni larmes

Méchant qu'on ne peut trop, ni trop longtemps haïr,

Ne tient-il qu'à tromper, ne tient-t-il qu'à trahir,

À cause qu'on saura se valoir de ses feintes ?

À moi que tu trahis, tu fais de moi des plaintes ? [805]

Infidèle ! Ha jamais ne parais devant moi ;

Ce sont-là de vos tours, Marine ?

MARINE.