Page:Scarron-oeuvres Tome 6-1786.djvu/50

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

D. Sanche.

Plût à Dieu que ses yeux fissent un même effet
Sur ce cher frére aîné, qui seroit bien son fait,
Et que d’elle amoureux, il me cédât mon ange !

Merlin.

Qui ne pleureroit pas peut-être d’un tel change :
Mais songez-vous encor à la prise d’un cœur
Si réguliérement retranché dans l’honneur,
Un cœur qu’on peut nommer la plus dure des roches,
Qui ne peut pas souffrir seulement des approches ?
Vous m’allez alléguer ses yeux, astres jumeaux.
D’accord : mais c’est tirer votre poudre aux moineaux.

D. Sanche.

À peine croiras-tu, Merlin, par quelle voie,
Un espoir surprenant ressuscite ma joie.

Merlin.

Dites-la, vous verrez si je la crois ou non.

D. Sanche.

Aussi jaloux que fou, mon frére tout de bon,
Veut que… mais quelqu’un vient ; je te dirai le reste
Tantôt.



Scène III

LIZETTE, DOM SANCHE, MERLIN.
Lizette.

Tantôt.Mon cher Monsieur, notre Maîtresse peste
D’une étrange façon contre vous.

D. Sanche.

D’une étrange façon contre vous.Et pourquoi ?

Lizette.

Que sait-elle ? elle peste encor plus contre moi.
Mais si près du marquis vous êtes bien tranquille,
Que fait-il donc ? dort-il ?

D. Sanche.

Que fait-il donc ? dort-il ?Le marquis est en ville
À l’heure que je parle.