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d. japhet.

                                       J’ai peur qu’il aille mal,
Car un taureau n’est pas un traitable animal.

d. alvare.

En peu de mots, voici ce que vous devez faire.
Vous entrerez en lice, hardi, non téméraire ;
Votre lance en l’arrêt, ferme dans les arçons,
Et rendant le salut aux dames des balcons.

d. japhet.

Et puis après j’irai chercher des coups de cornes.
Oh ! que mon sot dessein rend tous mes esprits mornes !
Je voudrois de bon cœur être sans marquisat,
Et pouvoir m’exempter de ce maudit combat.
Adieu, je vais m’armer : si jamais j’en échape,
Je veux que l’on me berne, en cas qu’on m’y rattrape.


Scène II.

DOM ALVARE, ELVIRE.
d. alvare.

Hé bien ! ma chére Elvire, ai-je encor à languir ?

elvire.

Ma mére est un esprit qui ne peut revenir,
Nous n’obtiendrons jamais ce que nous voulons d’elle,
Qu’elle n’ait de mon frére une bonne nouvelle ;
S’il ne revient bientôt nous espérons en vain.

d. alvare.

Il faut l’aller chercher et partir dès demain :
S’il est en quelqu’endroit des lieux que le ciel couvre,
Il sera bien caché, si je ne le découvre.
Mais s’il est mort, Elvire ?

elvire.

                                         Hélas ! j’en ai grand’peur,
Car ma mére en mourroit sans-doute de douleur.