J’ai peur qu’il aille mal,
Car un taureau n’est pas un traitable animal.
En peu de mots, voici ce que vous devez faire.
Vous entrerez en lice, hardi, non téméraire ;
Votre lance en l’arrêt, ferme dans les arçons,
Et rendant le salut aux dames des balcons.
Et puis après j’irai chercher des coups de cornes.
Oh ! que mon sot dessein rend tous mes esprits mornes !
Je voudrois de bon cœur être sans marquisat,
Et pouvoir m’exempter de ce maudit combat.
Adieu, je vais m’armer : si jamais j’en échape,
Je veux que l’on me berne, en cas qu’on m’y rattrape.
Scène II.
Hé bien ! ma chére Elvire, ai-je encor à languir ?
Ma mére est un esprit qui ne peut revenir,
Nous n’obtiendrons jamais ce que nous voulons d’elle,
Qu’elle n’ait de mon frére une bonne nouvelle ;
S’il ne revient bientôt nous espérons en vain.
Il faut l’aller chercher et partir dès demain :
S’il est en quelqu’endroit des lieux que le ciel couvre,
Il sera bien caché, si je ne le découvre.
Mais s’il est mort, Elvire ?
Hélas ! j’en ai grand’peur,
Car ma mére en mourroit sans-doute de douleur.