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ACTE V.


Scène premiere.

DOM ALVARE, DOM JAPHET.
d. alvare.

L’alezan est fougueux.

d. japhet.

                                                            Il ne me plaît donc pas.

d. alvare.

Il ne vous faudroit donc qu’un bon cheval de pas ?

d. japhet.

Fort bien, et qui pourtant donnât quelques courbettes.
Je hais fort les chevaux qui portent des bossettes ;
J’en voudrois un qui fût entre triste et gaillard,
Qui tînt fort de la mule et fort peu du bayard.

d. alvare.

J’en chercherai quelqu’un doux comme une litiére.

d. japhet.

Mon dessein, entre nous, menace de la biére ;
Ne puis-je pas porter quelque bonne arme à feu,
Afin de mieux tirer mon épingle du jeu ?

d. alvare.

Ce seroit un coup sûr, mais ce n’est pas la mode.

d. japhet.

Quoi ! l’usage prévaut ? ô sottise incommode !
En chose où le péril paroît de tous côtés,
On peut fort bien passer sur les formalités.
Et si quelque taureau vient à moi comme un foudre,
Puisqu’un vilain taureau peut un homme découdre,
Ne peut-on pas alors se tirer à quartier ?

d. alvare.

Ce seroit l’action d’un lâche cavalier.