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L’adresse à ce dessein n’est pas peu nécessaire :
N’y faites pourtant pas tout ce qui s’y peut faire,
Que votre feint amour n’ait rien d’incontinent.

D. Sanche.

Ce Mari curieux, qu’on nomme impertinent,
N’en a jamais tant fait.

D. Blaize.

N’en a jamais tant fait.Vous me voulez instruire,
Vous malheureux cadet qu’un aîné peut détruire,
Vous m’osez conseiller ; vous me traitez de sot,
Moi, tous sens, tout esprit, moi dom Blaize, en un mot ?

D. Sanche.

Mais que peut-on penser d’un homme qui s’ingére
D’aimer une beauté destinée à son frére ?
Et quelle opinion auroit-elle de moi ?
Qui feroit un tel crime ?

D. Blaize.

Qui feroit un tel crime ?Et n’est-ce pas de quoi
Donner une couleur à pareille entreprise,
Que feindre que votre ame est dès long-tems éprise ?

D. Sanche.

Je ne l’ai jamais vue.

D. Blaize.

Je ne l’ai jamais vue.Et suis-je donc un fou ?
Et n’avez-vous pas vu son portrait à mon cou ?
N’est-il pas digne assez de votre idolâtrie ?
Mais, foin, je l’ai laissé dans notre hôtellerie.
Je m’en vais le querir.

D. Sanche.

Je m’en vais le querir.J’irai bien.

D. Blaize.

Je m’en vais le querir. J’irai bien.Volontiers
Vous iriez fureter ma malle et mes papiers.
Rengaînez, rengaînez votre offre officieuse !
Que ces fréres cadets ont l’ame curieuse !
Je suis des curieux l’ennemi capital.

D. Sanche, à part.

La belle occasion que m’offre ce brutal !