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d. japhet.

Vous savez ce qu’on fait à quiconque se tue,
Et que s’homicider est chose défendue.

le commandeur.

Faisons-le dépouiller, et jetter ses habits.

d. alvare.

Cavalier amoureux, loyal comme Amadis,
Ou les cailloux sur vous vont pleuvoir d’importance,
Ou bien dépouillez-vous sans faire résistance,
De vos chers vêtemens, pour nous en faire un don.

d. japhet.

Mes vêtemens, messieurs ! parlez-vous tout de bon ?
Savez-vous que je suis le plus frileux du monde ?

d. alvare.

Savez-vous que l’on va faire jouer la fronde ?
Vite, qu’on me le fronde, il voudroit raisonner.

d. japhet.

Frondeurs, ne frondez pas, je vais vous les donner.
Voilà, pour commencer, la rondelle et l’épée.
Je me disois tantôt César, je suis Pompée.
César vint, vit, vainquit ; et moi, je suis venu,
Je n’ai rien vu, l’on m’a battu, puis mis à nud :
Ô noir amour !

le commandeur.

                         Ma foi ! ce fou me fait bien rire.

d. japhet.

Vous riez, assassins !

d. alvare.

                                   Qu’est-ce que j’entends dire ?
Je crois que ce voleur nous appelle assassins ;
Qu’on le tue.

d. japhet.

                        ! messieurs, je disois spadassins,
Et consens de bon cœur que quelqu’un m’assassine,
Si j’ai cru votre troupe autre que spadassine.