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D. Blaize, contrefaisant sa voix.

Bon. Du plaisir reçu je me revancherai.

Lizette.

Je n’ai rien fait au prix de ce que je ferai.
Sortez donc. Ce marquis nous fera de la peine,
Fantasque comme il est.

D. Blaize, à part.

Fantasque comme il est.Ha ! la double vilaine.

Lizette, entend venir dom Sanche qu’elle croit dom Blaize.

Dieu me veuille assister ! Ne le voilà-t-il pas ?

Elle s’enfuit.

Songez à vous ; pour moi je me sauve à grands pas.

D. Blaize.

Ha ! c’est vous, pourquoi donc venir si-tôt, mon frére ?

D. Sanche.

Le desir de savoir le secret d’une affaire,
Où notre honneur commun peut être intéressé,
En est cause.

D. Blaize.

En est cause.Ma foi, vous étiez bien pressé.

D. Sanche.

Qu’avez-vous donc appris ?

D. Blaize.

Qu’avez-vous donc appris ?Trop. D’abord la traîtresse.
M’a promis sa faveur auprès de sa maîtresse,
Puis m’a donné du sot et du fantasque aussi :
Mais je lui veux apprendre à me traiter ainsi.
Chaque chose a son tems ; et quant à vous, dom Sanche,
Je veux que vous feigniez d’être amoureux de Blanche.
Je veux par votre amour adroitement joué,
Découvrir si son cœur vous peut être voué ;
Et je pourrai, peut-être avec la même feinte
Découvrir si ce cœur n’a point eu d’autre atteinte.
Vous pouvez bien penser que je serois gâté,
S’il falloit que la belle en eût déjà tâté.