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d. japhet.

Nous sommes loin encor d’où repose ma joie ;
Pour gagner mon argent ; avant qu’on les renvoie,
Ils chanteront les vers que je fis l’autre jour
Sur le feu violent de mon brûlant amour :
Quant à moi, de tout tems j’aime la symphonie,
Et tiens que des bons vers les beaux airs sont la vie :
Chantez, musiciens ; mais non, ne chantez pas,
Foucaral a raison, retournez sur vos pas ;
Ma musique pourroit être ici scandaleuse :
Écoute les doux fruits de ma vertu amoureuse.
           Amour Nabot,
           Qui du jabot,
           De dom Japhet,
           As fait
           Une ardente fournaise ;
           Hélas ! hélas !
           Je suis bien las
           D’être rempli de braise.
           Ton feu grégeois
           M’a fait pantois,
           Et dans mon pis
           A mis
           Une essence de braise.
           Bon dieu ! bon dieu !
           Le cœur en feu,
           Peut-on être à son aise ?
Qu’en dis-tu, Foucaral ? n’ai-je pas bien rimé ?

foucaral.

Ces mots nabot, jabot et pantois m’ont charmé.

d. japhet.

Je pourrois bien demain après la jouissance,
Ainsi que de raison, produire quelque stance.

Alfonse et Marc-Antoine frappent chacun le sien.

 ! chien de Foucaral, pourquoi me frappes-tu ?

foucaral.

Qui, moi ! je viens aussi, ma foi, d’être battu.

d. japhet.

On redouble sur moi.