Pour moi, j’éprouverois la bonté de ma mére.
N’ayant pas épousé la fille de son frére,
Elle m’ayant prié de le faire instamment,
Et moi l’ayant promis si solemnellement,
Si-tôt qu’elle verra que j’ai fait le contraire,
Que pourrai-je lui dire, et qu’aura-t-elle à faire ?
Me voudra-t-elle ouir ? tu connois son humeur,
Et de son esprit fier la sévére rigueur ;
Je n’y vois nul reméde, il faut que je m’absente ;
Car irois-je ajouter au mal qui la tourmente,
La rage de me voir en ces lieux déguisé,
Au lieu d’être à Séville à sa niéce épousé ?
Mais quitterois-je aussi la belle Léonore,
Un ange à qui je plais, un ange que j’adore,
Qui m’a donné son cœur en échange du mien ?
Hélas ! j’ai tout à craindre, et je n’espére rien.
Pour moi, je lui dirois ingénûment la chose.
J’y suis tout résolu : tantôt, pourvu qu’elle ose
Paroître en son balcon, comme elle m’a promis,
Elle saura l’état où le malheur m’a mis.
Voici venir quelqu’un.
Scène II.
À telle heure, une fille
Chercher un écolier, l’ambassade est gentille ;
Il faudroit pour le moins savoir l’art de Maugis,
Pour trouver ce qu’on cherche en un si grand logis.