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marc-antoine.

Pour moi, j’éprouverois la bonté de ma mére.

d. alfonse.

N’ayant pas épousé la fille de son frére,
Elle m’ayant prié de le faire instamment,
Et moi l’ayant promis si solemnellement,
Si-tôt qu’elle verra que j’ai fait le contraire,
Que pourrai-je lui dire, et qu’aura-t-elle à faire ?
Me voudra-t-elle ouir ? tu connois son humeur,
Et de son esprit fier la sévére rigueur ;
Je n’y vois nul reméde, il faut que je m’absente ;
Car irois-je ajouter au mal qui la tourmente,
La rage de me voir en ces lieux déguisé,
Au lieu d’être à Séville à sa niéce épousé ?
Mais quitterois-je aussi la belle Léonore,
Un ange à qui je plais, un ange que j’adore,
Qui m’a donné son cœur en échange du mien ?
Hélas ! j’ai tout à craindre, et je n’espére rien.

marc-antoine.

Pour moi, je lui dirois ingénûment la chose.

d. alfonse.

J’y suis tout résolu : tantôt, pourvu qu’elle ose
Paroître en son balcon, comme elle m’a promis,
Elle saura l’état où le malheur m’a mis.

marc-antoine.

Voici venir quelqu’un.


Scène II.

MARINE, DOM ALFONSE, MARC-ANTOINE.
marine, avec une bougie.

                                            À telle heure, une fille
Chercher un écolier, l’ambassade est gentille ;
Il faudroit pour le moins savoir l’art de Maugis,
Pour trouver ce qu’on cherche en un si grand logis.