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D. Blaize.

Parlez donc : qu’avez-vous à vous gratter la tête ?
Eûtes-vous pour cela quelque prétexte honnête ?
Car on n’introduit pas pour rien et sans sujet
Dans un logis d’honneur, un cavalier suspect.

D. Sanche.

Je priai, je promis, je gagnai la suivante,
Feignant pour sa maîtresse une amour violente,

D. Blaize.

N’avais-je pas bien dis ? la friponne qu’elle est,
À la fidélité préfère l’intérêt.
Je m’en veux éclaircir, puisqu’il y va du nôtre.
Prenez cette casaque, et me donnez la vôtre,
Et cependant allez dans ma chambre. Ordugno,
Vous tiendrez compagnie à ce godelureau.
Je vais bien attraper la maudite soubrette,
Elle croira venir tirer de sa cachette
Mon frére, et me prendra pour ce larron d’honneur ;
Et je découvre ainsi ce qu’elle a sur le cœur.

D. Sanche.

Il va tout découvrir, ô la sotte défaite
Dont je me suis servi !

D. Blaize.

Dont je me suis servi !La maudite soubrette
Sur la foi des manteaux truqués si prudemment,
Pour dom Sanche aura pris dom Blaize assurément.
Elle viendra bientôt le tirer de sa geôle,
Et lors je ne dis pas que sur sa tendre épaule
Coups orbes et pesants par moi ne soient donnez :
Mais je lui veux devant tirer les vers du nez.

Lizette, croyant parler à Dom Sanche.

Le sot homme est sorti.

D. Blaize, à part.

Le sot homme est sorti.Peste ! Comme on me nomme.

Lizette.

Ha ! que n’est-il déjà doublement un sot homme !