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Je n’avois contre moi que ma basse naissance,
Et je crains aujourd’hui d’un pére la puissance,
Qui sans avoir égard au choix que j’aurai fait,
Peut-être a fait déjà sur moi quelque projet ;
Et m’aura destiné quelque mari funeste,
Qui n’aura que du bien et n’aura pas le reste.
Je suis digne d’Alfonse, il est digne de moi :
Mais quand on a son pére, on ne peut rien de soi ;
Et j’aurois beau l’aimer et m’en voir adorée,
Qu’un tel bien sans mon pére auroit peu de durée !

marine.

Si vous aviez l’esprit un peu plus résolu.

léonore.

Pourrois-je m’exempter d’un pouvoir absolu,
De qui dépend ma bonne ou mauvaise fortune ?
Mais voici de ce fou l’arrivée importune.


Scène IV.

On fait du bruit derriére le théatre.
LE COMMANDEUR, D. ALVARE, RODRIGUE, D. JAPHET, LÉONORE, MARINE, les gens du Commandeur, un harangueur.
le commandeur.

Si tous mes gens sont prêts, qu’on les fasse sortir,
Aux dépens de Japhet je veux me divertir ;
Dom Alvare, instruisez ma niéce.

rodrigue.

                                                        Place ! place !
Voici le grand Japhet.

le commandeur.

                                 Que tout le monde fasse
Ce que j’ai commandé.

d. japhet.

                                  Pascal, Roc, Foucaral,
Dites bien que je suis venu sur un cheval.