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Que je suis dans Madrid, a d’abord découvert
L’infaillible moyen de me prendre sans vert.

Ordugno.

Et qu’ordonniez-vous à dom Sanche ?

D. Blaize.

Et qu’ordonniez-vous à dom Sanche ?De faire
Investigation de Blanche et de son pére,
Savoir ce qu’on en dit dans la Cour de Madrid,
Car si quelqu’un de Blanche avoit surpris l’esprit,
Par conséquent le corps, je n’aurois que son reste,
Et ma honte bientôt deviendroit manifeste ;
Ainsi dom Blaize Pol encorné plus qu’un bœuf,
Auroit à souhaiter de se voir bientôt veuf :
Au-lieu que si mon frére eût caché ma venue,
Cette maison bientôt m’auroit été connue :
Et cela fait, suivant mon information,
Ou bien j’aurois agi par consommation,
Ou bien j’aurois d’abord rompu mon mariage ;
Mais il n’en est plus tems, Ordugno, dont j’enrage.
Qui pis est, le beau-pére est de ces esprits doux,
Qui sur tout, en tout tems sont d’accord avec vous ;
Qui ne quittent jamais leur douce procédure,
Et qui rient au nez quand on leur fait injure.

D. Sanche, à part d’où il est caché.

Le fantasque qu’il est m’auroit pris en défaut,
S’il n’eût ainsi parlé de sa lettre tout haut ;
Mais je puis maintenant dire que je l’ai lue,
Quoiqu’à dire le vrai, son valet l’ait perdue.

D. Blaize.

Mais épluchons un peu la future moitié.
Qu’en dis-tu ?

Ordugno.

Qu’en dis-tu ?Qu’elle est belle.

D. Blaize.

Qu’en dis-tu ? Qu’elle est belle.Et trop de la moitié.
Et de cette suivante un peu trop familiére ?

Ordugno.

Qu’elle me plaît beaucoup.

D. Blaize.

Qu’elle me plaît beaucoup.Elle ne me plaît guére.