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À mes noces, le grand César rien n’oublia,
Et fit le bon parent, même il trépudia ;
Entendez-vous le mot trépudier, compére ?

le bailli.

Non, par ma foi, monsieur.

d. japhet.

                                       C’est danser, en vulgaire.
Enfin en équipage à ma grandeur égal,
Mon train moitié sur mule et moitié sur cheval,
Dans mon pays natal je menai ma famille,
C’est-à-dire Uriquis et ma femme sa fille ;
Arrivé dans mon bourg qu’on nomme Almodobar,
Mon beau-pére Uriquis y devint gras à lard,
Et prit goût à nos vins ; ma compagne de couche
Fut comme son papa fort sujette à sa bouche :
Enfin elle mourut d’un excès de melon,
Et son pére Uriquis d’un ulcére au talon :
De ce beau-pére éteint, de cette femme éteinte,
Il ne me resta pas la moindre plume peinte,
Le moindre guenuchon, le moindre perroquet,
Tout leur bien du Pérou n’étant que du caquet.
Les gens d’Almodobar à leur dam me déplurent.
Vous pouvez bien penser que punis ils en furent,
Et bientôt : car prenant ma résolution,
J’ai choisi dans Orgas mon habitation,
Où je vais faire un train digne de mon mérite :
Bailli, cherchez-moi donc des serviteurs d’élite ;
Nobles, bien faits, adroits, sobres, et parlant peu.

le bailli.

Je vous en ai déjà trouvé six.

d. japhet.

                                          C’est bien peu.

foucaral.

C’est plus qu’il ne nous faut.

d. japhet.

                                               Il me faudra six pages,
Sans les valets de pied qui recevront des gages.