Que durant le souper même, je n’ai pas pu
Tirer hors de son trou notre amant morfondu.
Il me fait grand’pitié, car il est fort aimable ;
Mais, ma foi, le marquis ne sera pas traitable,
Et je me trompe fort, s’il est moins diligent
À garder sa moitié qu’à garder son argent.
Sortez, mon cavalier, sortez en diligence,
Vous m’avez aujourd’hui coûté plus d’une transe.
Nous avons un mari jaloux comme un damné.
Hélas ! il est mon frére, et de plus mon aîné.
Dites-vous ?
Et de plus, c’est le dernier des hommes.
Nous sommes bien à plaindre en l’état où nous sommes ;
Moi d’avoir un tel maître, et vous un frére tel.
J’en fais dès aujourd’hui mon ennemi mortel ;
Il ne méritoit pas une femme si belle.
Ni moi de l’éprouver si fiére et si cruelle.
Vous l’avez obligée et vous êtes bien fait,
Espérez, son esprit est sensible au bienfait ;
Et quoique par vertu sa peine il dissimule,
Je sais qu’il est choqué d’un mari ridicule.
Si peu qu’un sot époux à nos yeux fasse mal,
Le tems change en mépris le respect conjugal ;
Et si peu qu’un mari se rende méprisable,
Il ne manque au galant qu’une heure favorable.