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En un tems où l’amour mon ennemi cruel
Contre un fier basilic me suscite un duel ;
Car ma belle en est un dont la mortelle vue,
Fait d’un homme vivant un mort à l’imprévue :
Ne vous dispensez pas, dis-je, mes sottes gens,
D’être au moindre clin d’œil, à ma voix diligens,
Afin que la déesse à qui mon cœur encense
Juge de mon esprit par votre obéissance.
M’entendez-vous ?

D. Cosme.

M’entendez-vous ? Monsieur, vous commandez ici
Comme maître absolu.

D. Blaize.

Comme maître absolu.Je l’entends bien ainsi.
Mon beau-pére, notez que vous avez la droite,
Notez de la façon qu’avecque vous je traite,
Je ne la donne pas à tous, en bonne foi,
Et ce rencontre ici ne fait pas une loi.
Mais allons de plus près déployer la faconde,
Devant cette merveille à nulle autre seconde.
Mieux vaut un oisillon qu’on tient dessus le poin,
Qu’un grand oiseau de prix volant dans l’air bien loin.
Vous méritiez un roi, merveille sans égale,
Vous n’aurez qu’un marquis sous la loi conjugale.
Ordugno, que dis-tu de l’application ?

Ordugno.

Qu’elle est digne de vous.

Lizette.

Qu’elle est digne de vous.Elle est d’invention,
Et sans-doute elle aura la donzelle attendrie.

Ordugno.

Il n’en faut point douter.

Lizette.

Il n’en faut point douter.Quelle pédanterie !
Madame !

Blanche.

Madame ! Ha tais-toi donc, Lizette !

D. Cosme, à part.

Madame ! Ha tais-toi donc, Lizette ! Avec le tems
La Cour pourra changer le style et l’air des chams.