Mon père, voulez-vous que l'affront m'en demeure ?
LUCIE
Mon Père, voulez-vous à l'instant que je meure ?
DOM PEDRO
Vous me causez ici d'étranges passions,
Mais pourtant je déferre aux inclinations ; [1760]
Puisqu'il aime Lucie au mépris de l'aînée,
Il faut bien que le Ciel ait la chose ordonnée ;
Et que la passion qui le moins me revient,
L'avarice s'entend, n'est pas ce qui le tient.
DOM DIÈGUE
Recevant, mon cousin, mademoiselle Hélène [1765]
Gagne aussi bien qu lui, car outre que sa haine
M'est justement acquise, ayant si mal usé
Du bien qu'elle m'offrait, et que j'ai refusé,
En richesse, en crédit, en esprit et courage,
Je confesse qu'il a sur moi grand avantage. [1770]
HÉLÈNE
Monsieur est très aimable, et je vous en crois bien ;
Mais vous paraissez tel, et vous ne valez rien.
DOM GASPARD
Ne m'attribuez rien digne de cette belle,
Qu'un amour violent dont je brûle pour elle.
DOM PEDRO
Je passerais pourtant pour un sot bien aisé, [1775]
Si je m'adoucissais, étant si méprisé,
Dois-je donc châtier sa désobéissance ?
Ou dois-je déférer à l'humaine impuissance ?
LUCIE
Ah ! Mon Père, pardon.
DOM DIÈGUE
Prenez pitié de nous,
De deux pauvres Amants qui sont à vos genoux. [1780]
DOM GASPARD
Ne m'accusez pas d'espérance trop vaine,
De demander leur grâce ? Et votre Fille Hélène ?
DOM PEDRO