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Voyant ainsi souffrir ma Déité visible,

Si je ne m'affligeais je serais insensible. [1450]

DOM PEDRO

Ne vous affligez point ; je vous dis tout de bon,

Et foi d'homme d'honneur, que tantôt sourde ou non,

Que sa douleur augmente, ou bien qu'elle finisse,

Je veux absolument, que l'Hymen s'accomplisse,

Et d'inclination aussi bien que d'honneur [1455]

Je m'y trouve engagé.

DOM FÉLIX

Hélas ! Tout mon bonheur

Dépend de son amour, mon malheur de sa haine ;

C'est m'élever au Trône, au sortir de la chaîne.

DOM PEDRO, parlant à Alphonse qui paraît sur le théâtre.

Vous voilà donc encor, je vous croyais parti.

ALPHONSE

Je m'en vais à la Cour chercher quelque parti. [1460]

Mais un de mes amis à demeurer m'engage,

En me faisant trouver un Mulet de louage.

DOM PEDRO

Et le bon Dom Diègue est-il encore ici ?

Est-il allé tirer sa femme de souci ?

ALPHONSE

Il est parti tantôt, et j'apporte une Lettre, [1465]

Qu'en passant par la Poste on me vient de remettre ;

Et s'adresse à lui ; vous la verrez, monsieur.

Ne commandez-vous rien à votre serviteur ?

DOM PEDRO

Ami, Dieu te conduise, et te donne un bon Maître.

Or çà, voyons un peu la Lettre de ce traître, [1470]

De ce faux Dom Diègue ; ô l'insigne imposteur :

Et que n'aurait trompé ce visage menteur ?